Pistes de l’Oùrs: Sébastien Ménard

Animal fugitif mi-humain, mi-roche, vieillard un peu voûté, grand-père toujours agile, contour-forme-immensité en équilibre sur le cosmos… quelle est la place de la figure ursine dans notre imaginaire contemporain ? Dans notre monde urbanisé et métissé ? De jeunes écrivains et artistes, nés dans les années 1970 et 1980 et issus de différents horizons culturels, se sont posé ces questions, cherchant une figure capable de définir un territoire commun: le territoire de notre présent, où tous les horizons se mêlent, où la crise environnementale renvoie tous les êtres humains à une même fragilité. L’ours s’imprime comme l’écriture de Marie-Andrée Gill, tout à la fois toffant sa réclusion et embrassée par la tanière, de Mahigan Lepage, roulant son chemin sur l’étroite couture de la Confédération, de Laure Morali, revenue au lac initiatique sur les chemins d’eau et de vent, de Sébastien Ménard, témoignant des ravages et des fugues du troupeau humain, et comme la lumière d’Anna Lupien, partie récolter éclats de mémoire et d’amitié à la pointe de l’Hudson. / La graphie «oùrs» de leur titre donne l’impression immédiate d’un nouveau mot, d’un nouvel animal. Surtout, il renferme le mot «où». L’accent grave suffit ainsi à transformer l’ours en question et en quête. La bête est multiforme et devient ici les livres Oùrs et Oùrs / La porte sera débarrée publiés par Possibles éditions et mis en page par Aurélie Painnecé, mais aussi une exposition de photographies, une installation vidéo d’un retour vers le Nord lointain, et une rétrospective sur la production d’un livre d’art qui, de texte, d’encre et de papier, fabrique du sensible et du sauvage. Le projet Oùrs allie, ainsi, poésie, photographie et arts médiatiques et sera mis en web par Gwen Català dans une expérience inédite où le public pourra explorer virtuellement le territoire des mots, des sons et des images.